michelangelo quay live
expose et vend régulièrement des pièces de la série des « hommes bleus », des peintures sur planches de bois, écorces. Puis c’est l’écriture qui s’impose, pendant près de dix ans, le temps d’un recueil de nouvelles et d’un premier roman, de quelques chansons. En 2005, elle sculpte des gueules cassées, reprend les pinceaux et travaille à partir de photos de mode du magazine « Vogue » ; parallèlement, une galerie de personnages étranges prend chair, des créatures de papier glacé se métamorphosent alors, sœurs de pastel, des femmes doubles à deux têtes, où les corps se confondent : c’est la série « Janus », dont Mathilde Tixier nous présente un aperçu dans le cadre des portes ouvertes.
Ce serait l’érotisme du monstre, le cul, la bouche, le sexe et la gorge de la folie, de celle qui fait tourner la vue dans le temps minuscule que peut nécessiter la métamorphose, une métamorphose, c’est ça, peut-être, et peut-être pas, après tout regard, ce sont deux voix, et des existences qui parallèles, se mordent ou s’ignorent, tout dépend de l’atmosphère d’œil, de celui qui voit et sent, tu sais, une cellule, ça ne demeure jamais très longtemps au célibat, c’est une sorte de certitude, et c’est une aventure, d’être seul plusieurs, où l’amour d’être-combien, oh merde le temps presse de ne pas grouiller parce que comprendre ou entourer les figures, c’est une ânerie, alors se hâter d’entrer, c’est une erreur, c’est vrai ; il y a une mère, une fille, la sienne, peut-être pas, non plus, après tout regard, il y a les formes de ce qu’est et sait ne pas être une femme, il y a une mante, pourquoi pas religieuse, il y a une pute qui demande et une voleuse qui se sert, il y a un oubli, il y a une lassitude et une envie, il y a des souvenirs, des espérances et des regrets dans les prunelles, il y a des manières d’iris qui ne trompent pas, il y a aussi des adultères, à coup sûr, la gémellité, c’est une histoire de gamète cinglée qui pousse son idée fixe jusqu’à se multiplier à force de migraine, et c’est le plaisir - où est-ce la nécessité de se suffire ? - de se scinder pour être là sans y être, fuir dans l’affront.
mathieu diebler
La mer de la tranquillité, est un livre à deux voix. Côté texte, il est question des femmes, de sexe et de mort. Aphorismes, notes, citations, Jean-Luc Bitton consigne depuis près de vingt ans ses fragments de vies : "Je n'ai pas peur de ma solitude, mais de celle des autres." Ici, l'intime rejoint l'universel. Les filles défilent entre deux suicides d'amis. Et les rencontres amoureuses ne parviennent pas à faire oublier la gravité du métier de vivre : "J'attire les femmes comme le lampadaire attire les papillons de nuit. Elles tournent autour de moi sans s'approcher de trop près, de peur de se brûler, puis s'écartent après quelques frôlements."
jlb
Fowey
Il est sorti des braises avec le sourire. Il est déjà assis à ma table. Une plaque de marbre sous nos silences. Des orchidées plein les yeux.
Des mots au bout de l’étrave. Passavants inaccessibles. Attendre que le grain passe ; jusqu’au dernier jour, que jeunesse se fasse. Une falaise de calcaire dans la brume. Le sel creuse un peu plus la peau. Les yeux brillent. Le bateau se couche. Trop de toile. Trop d’impatience à doubler l’étape. Trop d’ivresse devant l’ampleur du sillage. Le vent forcit. La toile s’est déchirée dans la houle. Un éclat rouge. Un éclat vert. C’est l’arrivée au port. Il n’y a personne sur les quais. La capitainerie est en deuil. « Enlever les traces, sinon celles de l’exigence. » C’est l’aumône d’une déferlante sans cercueil.
Se restaurer du plaisir d’être là. De repartir toujours. Quelques notes, de la musique, des silhouettes et des voix. Un tout autre chant que celui de la mer. Des éphémérides au coin du feu.
Il est sorti des braises avec le sourire. Une plaque de marbre sous mes silences. Des orchidées plein les yeux.
r adèle
être en haut, comme dans la vraie vie, contempler le trou du cul du monde, terroir de nos rêves, escapades et salades, de la hauteur, de l'altitude, et puis ces fesses, à découvert, trop de chasseurs, trop de gibiers pourchassés avec des fusils pour de vrai, on raconte des histoires aux enfants, on leur refile nos terreurs comme des passagers clandestins, et puis on se balance, on s'en balance, comme des billets froissés, on change notre jeu, plus de coeur SVP, ça balance enfin avant que le beat ne redevienne monotone, juste avant que les enfants, dans des éclats de rire, ne plongent pour de bon.
S.V.
Collage Stéphane Vallet
novembre 01, 2005 | Lien permanent | Commentaires (3)
svallet
ANNA
Si j’avais su qu’une rencontre, de nouveau, serait possible entre nous, là, maintenant,
ces années passées, comme si de rien n’était …
TARA
Toi, tu n’as pas vieilli, mais si je m’approchais (elle le fait, elle descend les marches), tu verrais que des petits sillons de labours se croisent maintenant à mes yeux, à ma bouche …
L’éclat se perd, seule la pierre reste, dans mon cœur, la vie n’a pas été facile, Anna !
(Anna rejoint Tara au rez-de-chaussée, au milieu du public. Elles se font face, l’une effleure la joue de l’autre, un geste que l’on devine familier, jadis, entre elles).
ANNA
Et moi, maintenant que nous sommes proches, me trouves-tu si fraîche ?
TARA
Tu es le joyau pur de l’innocence, quand bien même tu aurais la moitié d’un siècle.
ANNA
Les sillons dont tu parles te vont bien, ils sont la marque d’une existence riche, même si tortueuse comme le lit de la rivière d’où tu sais, près de la maison blanche, mes cris n’ont rien pu faire, mes frères l’ont vendue ...
TARA (elle s’éloigne, lentement monte les marches, de la mezzanine qu’occupait Anna)
Notre souvenir d’elle nous appartient, Anna.
Je pars rejoindre un homme que je n’aime pas.
(Anna, à son tour, monte les marches de la mezzanine opposée)
Les châteaux d’Espagne ne me suffisent plus, j’en invente d’autres, des mirages, édifices branlants, ruines où ca et là, l’herbe pousse, horizons déserts, avec, au loin, une silhouette d’homme qui marche … ce n’est jamais le même. Il attend que je daigne le rejoindre, et je le fais, à contre-cœur … de pierre.
ANNA
Mes châteaux sont de sable. J’ai des enfants.
TARA
Le père ? Un homme qui marche ?
ANNA
Je pars les rejoindre. Ils m’attendent. Je ne sais pas faire autrement, ma vie est simple.
TARA
L’ennui, cet amant qui s’invite et prends toute la place dans le canapé du salon, tu l’acceptes ?
ANNA
L’ennui est un passeur d’ombres. Mes hommes, je les invente. J’ai de l’imagination.
TARA
De sorte que tu n’es jamais déçue ?
ANNA
Cela arrive, quand l’homme que j’ai construit prends corps et se met à agir selon sa volonté.
TARA
Tu te crées tes propres chagrins d’amour ?
ANNA
Oui
TARA
Et tu souffres ?
ANNA
Je pense. J’ai la douleur dans la gorge des sanglots qu’on retient, les membres lourds et l’envie du rien, et puis ça passe, jusqu’à ce qu’un autre dans mon esprit naisse et que la nuit vienne, avec l’impression toujours d’être couchée entre deux corps d’hommes, sans que celui de chair et de souffle ne se doute … alors je sais qu’il va me falloir encore vivre avec le mensonge, à même la peau, comme un déshabillé de soie.
TARA
Tu parles bien, de jolis mots dans ta jolie bouche, tout en toi es joli, d’ailleurs, jusqu’aux boucles de tes oreilles, de tes cheveux.
Le mensonge, Anna, nous lie, depuis le jour où, du sexe de la mère, nous naissons, où l’on nous fait croire, lovés dans la chaleur molle et douce de faux animaux, que la vie le sera pareillement, mais nous sommes seuls, tu le sais, Anna, dans la naissance et à l’aube de notre mort, nous sommes seuls, là est la vérité, certaine, Anna.
ANNA
J’ai fait l’expérience de la mort, je la connais.
Elle m’est apparue un matin au sortir de la douche, j’ai glissé sur le tapis, mon regard et ma peur, furtifs, dans le miroir, puis je n’ai plus rien su. Ton cœur est de pierre, Tara ? Le mien est fragile. Il ne lui faut plus d’efforts, plus de vives émotions, ainsi a parlé le docteur au chevet de mon lit blanc.
TARA
C’est depuis, que de ton imagination, tu fais vivre des hommes ?
ANNA
Oui.
Mourir ne m’effraie plus. Pareille à la nuit, qu’elle vienne, j’aurais vécu, au moins, si ce n’est dans mes songes.
TARA
Au cœur du paradoxe, tu illumines, je comprends mieux pourquoi, à ce point-là, maintenant … L’émotion te fait vivre en même temps qu’elle peut t’être fatale, et moi je me consume quand, entre de vrais bras, je n’éprouve plus rien.
Je suis une plage de cailloux et l’horizon est un mirage.
mtixier
La pluie s’amena d’un coup par paquets touchant comme chaque fois plus juste notre coquille. Le jour laissa à sa place ouate grise et glaces, le jour disparut et il y eut de grands bruits. Des bourrasques portant des houles, soudain des vacarmes de ruine. A cet instant sombrèrent, je le sus, les premières embarcations et, à la suite, leurs hommes. Des tonnerres entrèrent partout dans ce qui se jouait devant moi et la mer hurla comme je ne l’avais jamais entendue faire, la mer souffrant, cherchant de l’aide, s’accrochait à ses rochers. Les rivages s’effacèrent l’un sous l’autre et, ainsi se renouvelant sans cesse, approchèrent notre refuge. Sous l’offensive, il n’y eut plus de côte, ni de plage, ni de drapeaux ni de dunes, il n’y eut plus de rempart à l’armée d’écume.
Des grands vents battaient la côte. Les pales de l’engin tournaient à plein comme celles d’un hélicoptère de combat. Je vis à l’avance une bataille où des troupes de mort enfleraient la marée et la trouille… Je pensai à l’électricité. Ne sachant quoi, m’inquiétai d’un afflux de courant trop important pour notre installation de hasard. Je calculai des watts que multipliaient des cubes de bois et d’eau salée par d’autres d’air domestique, ne trouvai cause d’affolement mais des chiffres aux habits vulgaires. Je cherchai une raison, errai sans comprendre, revins à l’eau et sentis les dangers : nous étions, chacun dans cette maison, fragiles et, contre moi en terreur, les autres baignaient confiants derrière le mur dans des rêves ou, sans le savoir, dans des idées blanches au fond d’un somme baisant au sec des humidités tièdes, mangeant féroce puis se déchiquetant au couteau, ce fut mon idée, un couteau de boucherie, long, épais, ailleurs, tranquilles, bavant un peu envahis de la chaleur de sieste qu’on dort en fatigue avec ses vêtements.
Aussi nous étions sans secours. Ils l’ignoraient. La tornade allait nous emmener jusqu’au-dessus nos têtes ou bien nous, les habitants, serions ensevelis avec la cabane qui tomberait à l’eau et reviendrait à la côte et les débris de meubles et de chair partiraient en descendant. Nous n’en eûmes pas le temps. L’eau nous encercla à demeure.
Une flaque se fit sous l’ouverture donnant sur l’océan qui allait du sol à deux mètres trente de lui, le sol ruisselant. Je me levai, fermai aux vents le conduit de cheminée et vis, en haut d’une vague, la mer à la fenêtre où je ne pus crier. De l’autre côté, le bas de la porte céda. Je me retournai, la vague était partie. Je m’assis et entendis venir de la chambre un gémissement et des souffles puis quelques chocs sur le parquet qui vivait encore de cette vie là puis plus rien. On se touchait donc à la mort. J’oubliai. La mer frappa fort. Dans mon dos, la lourde finit de se briser. Soulevant mon fauteuil sans l’emporter, un courant traversa le salon.
Plus tard, quand le sol mouillait en entier, je défis mes chaussures de sport dans l’eau froide puis, balançant mes pieds comme dans le vide, fumai une cigarette assis sur un rocher. La table basse que j’avais, indélicat, laissée à Lena en partant rejoindre la capitale à l’Est du pays pour qu’elle se souvienne de nos frasques quand nous cohabitâmes une année jusqu’à ce qu’elles ne me rendent fou, une chaise de paille, des feuilles de papier sans écriture et d’autres objets que je ne reconnus pas tanguaient sous mes yeux au drôle de roulis. Les autres ignoraient. Avinés, sourds aux fracas, heureux. Je regardai l’entrée close de la chambre, hélai Lena ? trop faible et attendis qu’ils viennent un peu de secondes. En vain.
Quand l’eau fut montée à mes mollets et sans pour autant qu’elle ne s’y arrête, il y eut une accalmie. Le bassin autour évapora. Un oiseau vint, appela d’autres en criant et moi, j’appelai David, le vieux chat. Je cherchai les yeux vairons sur le toit de l’armoire puis compris et me tus. Enfin, ce fut silence, étrange, feutré à la démesure du tapage qui avait précédé. Ce fut silence. Au dedans, l’eau grimpait, lente, rampait, louve, sale, brune là du reflet des lambris, dissolvant tout, l’eau se glissait sur sa tête, se multipliait, s’empilait sans un bruit, salope, visqueuse de ses glaires d’arrogance de nous avoir battus, fière, l’eau puissante, succube ou miroir, s’allongeait en hauteur en faisant croire qu’elle n’était pas là. J’eus la stupeur.
Un grand froid. J’étais seul malgré d’autres et ma sœur n’était que personne. Sa disparition imminente ne m’inquiétait pas. Puis m’inquiéta. Elle était à ses amis et moi à moi. J’eus un frisson ou sa première électricité. Je me hissai hors la tombe de velours, l’onde froide tirant la peau du crâne puis celle de l’avant des bras. J’avais les cuisses mouillées. J’ôtai une jambe de mes pantalons et tombai à l’eau sans posture. Je ris, longtemps. Tremblai. Je défis le reste. Et ris encore pour faire cesser en m’agitant les frissons. De peur de m’être trompé, me dressai, les jambes disparues, me suppliai de trouver une solution. Mon rire ne parvint plus. Je chantai.
C’était aussi brouillard, bruine à un mètre au-dessus du niveau de mer, angoisse pute, je chantai fort. La lumière arriva sans dissiper la neige ni rien chasser. J’allai crescendo. En haut, descendis flemmard au murmure où je m’installai quelques temps, l’abdomen maintenant au bain. J’entrepris de traverser. Glissai avec la mélodie en poussant mes jambes contre le courant, tenant légère la musique, et fine et d’audace. Dehors il faisait clair. Crescendo, saccades, cavalcade de danseur lent. Je repris en articulant et frayai entre les objets. Laa la la, la la… La la… La la, la… La la, la… Je braillai, chauffai, choquai la poisse dans le nuage, pliai les vagues, le fond marin en colis d’eau trouble. J’avançai.
Trois mesures, mes dernières forces contre le liquide lourd. Poursuivis quatre, le marais aux épaules, sans poumon, puis un petit mètre, les jambes dures. Je crachais la bile et, du corps entier contracté, des spasmes d’estomac en anneaux, des vagues. Encore un mètre, une cuillère pour maman, crachais, crachais, et l’eau qui avait cessé de monter sans que je ne m’en aperçoive faisait bientôt poids contre moi qui ne tentais plus qu’attendre là. Vite je perdis un peu. Il me fallut faire d’autres mesures, mètre, et mètre en avant pour arriver, une cuillère pour papa, une autre pour maman, Lena ? Va crever Lena ! Je hurlais ma voix, la lançai comme une balle en crachant des larmes salées. J’avais colère et guère d’espoir quand le son s’éteint au hurlement effrayé où tout s’arrêta.
A force de ne savoir qui de la lune ou du soleil il devait faire briller, le jour ne fit plus rien. Et se laissa loup et chien menaçants tous deux se dévorer lui-même, la grande éclipse et une chaleur de midi. Je suai d’un coup, trouillard ; il n’était plus d’heure, il n’était plus de saison. Blême je me vis, même vert, j’appelai, appelai, rien de sonore, de l’air mâché, rien, appelai de l’âme pour être sûr, si, seulement si, je gueulai dans un puits rempli, tassé d’alluvions et de puanteur pleine, gueulai, gueulai mat, cognai ma voix de tunnel contre un beau ciment, un amas, rien, pas un bruit et pas de plus triste mot, je fis le constat d’abandon par hommes et par échos. Voulus partir. Une dernière fois avant de laisser, je dus avertir ceux qui allaient crever sans distinction. Ils ne pouvaient entendre, je me rendrais à leur lit. J’éviterais des reproches.
Je me mis en train, bouillant. Sur la pointe des pieds animal marin aphone plus que sourd, je poussai sans rythme. L’eau en vint à descendre, je me vis arriver. Vite. Trop. Je m’arrêtai sans difficulté, allumai la dernière cigarette, un doigt dans l’eau à regarder l’étiage en vitesse. Ma voix manqua comme une lacune de psychotrope. J’étais seul avec la respiration et les battements du cœur d’un naufragé. Lena ? La rage, les vibrations de quoi, stop et silence. Lena ? Putain, tu sais ce que c’est que de crever seul ? Lena ? Lena bordel de merde ! articulé en vain dans des glaires sèches de fond de gorge. La marée poursuivant à la baisse et passant là sous l’estomac, m’enleva ma chemise par lambeaux à moins que je ne fus l’instigateur de l’effeuillage.
Le statique effrayant, je me mis à l’effort pour finir et avoir le cœur net. Mes pieds glissèrent une première fois quand je voulus les défaire du limon où ils étaient pris. Je chutai, perdis la cigarette, jurai, relevant carcasse, des mots bulles dans la sale flotte. Tombai de nouveau les cannes sans plus de force, panique, pousser, hisser, porter, rien, pousser, pousser, pas plus de muscle que de voix. Attendis la puissance mais le seul froid vint, j’eus le sentiment mauvais. Ne me sortis que pour m’affaisser à l’apoplexie, tête renversée, regard ailleurs sous l’eau claire. Alors là, alors, je dérivai au fil d’une absence sans nager ni mourir jusqu’à avoir la certitude que, quelle qu’en soit la manière, j’allais achever.
Plus tard, on avait perdu la falaise. J’étais allé, emporté par le courant descendant tirant vers la cheminée, puis, de là, m’étais aidé du mur pour rejoindre la fenêtre. J’avais eu l’idée de me hisser pour voir et souffler. Je poursuivrais ensuite, c’est ainsi que j’avais décidé, suivant l’idée tactique qu’il faut réclamer du soutien aux clôtures. Je m’étais assis sur le rebord. Sauf un biais au regard, on avait perdu la falaise. L’eau avait envahi l’alentour, déchiré les arbres, noyé les bêtes et les bruits de campagne, l’eau avait assassiné le pays et la dernière lande avant la mer couvrant le surplomb derrière lequel, avant, disparaissait le jardin, le jardin broussaille des enfances inachevées dont la fin n’existait plus que comme une ligne d’horizon que je découvris stupéfait au chagrin. Plaine, plaine partout, grand miroir brisé d’un éclat, la tête d’un arbre lavé comme celle d’un épouvantail à sept heures ébrèche la glace polie de brume du matin.
mdiebler