LE CERCLE PAN!

HORS PAN : retour de campagne

Qu'est ce qu'on peut bien penser de ça : un mec visita Pan! Même pas morts le dimanche 20 aout 2006 vers 05h du matin content qu'il était d'avoir trouvé deux liens vers Pan! Même pas morts qui répondaient à sa requête sur un célèbre moteur de recherche avec les termes-critères de recherche suivants : femme amputée baise. La preuve : Web Résultats 1 - 10 sur un total d'environ 12 400 pour femme amputée baise . (0,14 secondes). Ouais que peut-on donc bien penser de ça ? Et de ça ou même de ça - deux autres recherches faites par des gus ce dimanche et ayant abouti, en priorité, à Pan! ? Bah, c'est dimanche quoi...

md

PAN 069 / verdure 3.14

Pour divertir ses amis en attendant que les choses soient bousculées, c’est exact, bousculées parce qu’il le fallait et que montait à mesure la nécessité qu’elles le soient - et puis on ne pouvait ainsi à la fois périr et ne pas périr dans le pli d'un même naufrage –, aussi pour amuser ses amis, un des amis, un mec aux cheveux longs et maigres, sortit de la poche intérieure de son blazer blanc les photographies de presse du meurtre familial de la veille, quand la peur - ou bien était-ce le père ? - avait lardé - ou c’était le fils ? - la mère de coups de couteau - non, c’est bien l’un et l’autre qui, ce soir de volonté, alors que les yeux de la mère, ses yeux, clos et blancs quand on les ouvrait, ne verraient plus rien, alors que l’enfant était resté étendu à côté croyant au repos, c’est bien le père et le fils qui acharneraient le sort et poignarderaient pour de bon douze fois douze fois, douze fois soient cent quarante-quatre coups de couteaux intimes – il était même devenu difficile à certaine heure de trouver une plaine dans le champs ravagé qu’était le corps de la mère alors –, des caresses profondes comme des sillons et c’était bien le fils et le père qui sèmeraient dans la clairière labourée, noueuse auparavant, désertée déjà, qui sèmeraient une concorde familiale provisoire et tenant au courage.

Puis il y eut un sourire sur mes lèvres, sur mes lèvres je dis ce que je savais qu'il allait advenir parce que je le vis à cet instant révélé dans les copeaux de sang du corps de la femme-mère étendue mal-foutue sur le dernier cliché de la collection d'art : à l’arrivée, le chien serait fusillé par les autorités. On aurait beau temps. Les thermes rougeoieraient, la roche en pains protègerait des orages, les amis me feraient enfin boire l’anis magique et vert de l’oncle de l’un, les fillettes poursuivraient l’hallali sans n’avoir jamais été interrompues par l’épreuve de crasse, sans l’avoir même vue – et là-bas pas d’école, pas de soins aux yeux mais l’apprentissage de la vie sans eux, c’est tout –, ma vieille valise qu’un parent, c’est certain, qu'un parent avait emmené à la guerre, ma valise serait pleine d’autres choses que ces mystères qui ne nourrissent ni n’habillent, ne saoulent pas même à défaut, ma valise serait pleine d’orfèvreries, de bouteilles de vodka et d'autres de jus de pomme, de came, mes vêtements seraient sombres comme un tombeau, et silencieux, un pull-over échancré, mes pieds, nus, chaussés du cuir souple d’un veau noir de la région : dans le salon planté à même le sol de palmiers d’apparat d’un grand hôtel de bain et de luxe où, parfois, de grandes décisions de bain et de luxe des nations avaient été prises, on serait tous bien mis malgré l’épopée ; à l’arrivée, on aurait voyagé, mis de l’ordre, vengé les inquiétudes.

mathieudiebler

PAN 068

- Hé vous étiez où, putain, je vous ai cherché partout, vous étiez paumés, hein, vous étiez paumés ?

- Bah non.

- Vous étiez à l'eau, depuis tout ce putain de temps que je vous cherche, vous étiez...

- Non. Non non, non, on était... Hé tu vois la ligne, là-bas, au fond ?

- Ouais, l'horizon.

- Ouais l'horizon. Et bah on est allé derrière, pour chercher le soleil, tu vois, hein Eddy, on est allé...

- Ouais, c'est vrai, ce qu'il dit, on est allé derrière l'horizon !

- Vous avez nagé jusqu'à l'horizon, putain, bah, bah putain, vous avez nagé jusqu'à l'horizon !

- Bah non, on a fait le tour... On a fait le tour par la plage et...

- Et vous avez trouvé le soleil, ah ah ah, derrière l'horizon, vous avez...

- Bah ouais.

- Bah non, derrière l'horizon, y a que la nuit ! Hé, le soleil, il peut pas être partout, hein ! Non non, y a que la nuit derrière l'horizon, et c'est bien le problème...

- Bah si, derrière la ligne, enfin l'horizon, y a la nuit, c'est vrai, mais au bout, tu vois, y a une ligne, une autre horizon, et derrière, bah y a le soleil !


md
merci à Bob L'Inquiet, ici colleur et dessinateur

PAN 067

Street Art. Belleville

A l'intérieur, rien ne bouge, tout est aux aguets. Les fruits sont tendres, ils ont des couleurs de grand spectacle, un songe à toucher des yeux. Puis découpés, noyés dans de la crême, ils voudraient me faire croire que c'est les mêmes, la supercherie du monde contenue dans un seul de ces petits morceaux.
Dehors, c'est tumulte, raz-de-marée, chaos.
La télévision, comme les autres, je la regarde, mais sans le son. Pas besoin de les entendre, leurs gestes et leurs yeux suffisent, les images parlent seules.
Trois jours déjà que je ne sors plus. La seule chose que je mange, c'est des pâtes, j'en ai ai de toutes les marques, une vraie collection dans ma bibliothèque. Mieux que des livres, ça me nourrit.
Lorsqu'il est dix heures, du balcon je me penche, la nuit n'est jamais noire et je vois des ombres de gens qu'on oblige à rentrer chez eux. Pourtant ce n'est pas la guerre, sinon ils l'auraient dit. De temps en temps, une odeur de caoutchouc monte de la fenêtre, j'aime bien, elle me rappelle le garage où travaillait mon père avant sa mort.
J'ai acheté une arme, un petit revolver, américain je crois. Je savais qu'il en vendait, pour lui les affaires sont bonnes. Il est si petit que dans ma paume je le cache presque. Parce qu'il avait déjà servi, il était moins cher.

Mathilde Tixier, Il fallait bien une victime (work in progress)

PAN 066 / verdure 2.14

Je portais des vêtements clairs, des rayons faisaient des flaques au travers des verrières, c’était rare et ce n’était pas que les gens étaient nus, non, mais leurs vêtements n’avaient pas d’importance, j’avais, en même temps que l’horreur, le soin de mes affaires, je lissais les tissus, les cheveux des petites, les cheveux que j’avais, ma haine du chien-chat. Je ne fumais pas – je ne fume jamais en rêve – mais la plupart de la foule fumait, elle, et vociférait sans pause comme si on l’avait payé pour ça, j’étais penché, je tendais la nuque, voyais la foule, redescendais, voyais le chien puis les petites et je relevais, j’étais aux aguets, il y avait un risque, le train silencieux, l’expectative lâche d’un moment d’inertie qui va durer, mes vêtements clairs, la foule fumante, le chien, les petites, les cris, les amis en loge, l’inertie dure déjà, va durer – l’inertie a-t-elle jamais cessé ? – :

Nous étions coincés entre le train et le mur, le mur jaune, un vieux train en métal vert sapin comme celui des kiosques du parc et de l’Allée des Maronniers de ma ville-mauvaise-mère qui y menait les autres jours, quand nous ne voyagions pas ; entre le mur sale et les voitures fuselées il y avait, coincés, notre troupe et moi en marge dans le premier anneau, celui des connaissances, avec ma valise de famille et les fillettes et le long, long combat, j’évitais le mur, refusais à la foule son caractère merdique d’enclume, mais après, entre le dos des amis d’un côté, les fillettes et moi d’autre pente, il n’y avait rien que lechien spacieux et nous n’avions alors que des adversaires déloyaux aidés par une saloperie de chef de gare qui sifflerait départ aux ordres de cette foule-là, nous étions isolés et chacun désolé, l’un pour l’autre nous ne faisions rien, pas plus les fillettes que moi-même, nous étions aux arrêts, merde, figés tous, tous en bien mauvaise posture, celle du rat dont les jeux sont faits.

md
* peinture-trouvaille par hasard qu'on appelera, pour le moment, foule, de Philippe Aïni exposée sur le site de la galerie Duchoze connue il y a longtemps, par hasard...