- Regarde Em ! Regarde donc ! Je te le dis, de jeter tes yeux là, sur le vice absolu du cercle frustre et plat ; nous sommes dedans, Em, et rien ne bouge. Aussi : regarde la courbe verte ! Regarde la fluorescence de notre insignifiance ! Et nos silhouettes ! Comme des ombres d’une malnutrition sentimentale ! On ne voit que nous lorsque nous sommes seuls dans la chambre à se voir dans le verre de la fenêtre ouverte, nous ne sommes rien, Em ma certitude presque… Hébétée, nous sommes les âmes grasses du corps d'un homme et, ne serait la chair qu’ils ne peuvent nous ôter, nous serions des cohortes d’invisibles abrutis, incapables de se faire voir et de se voir eux-mêmes… Tu sais, quand finiront la soif et la faim, nous sortirons de l’illégitime détention des constructions toutes sociales et façonnées, et nous irons manger en vérité, et puis boire, boire jusqu’à tomber. A quoi nous trinquerons donc, Em ? Em mon ami de toujours, à quoi trinquerons-nous, ce soir ? Va-t-on te libérer ? Est-ce, juste, que tu vas sortir, et briser quelque chose, un crâne, un verre, un espoir, quelque chose, un crâne, un verre, un espoir ? Tu vas casser une vie, Em ? Qu’est-ce que nous fêterons, hein, au juste ?
- …
- Hé bien nous n’aurons qu’à accueillir nos vagues ou bien nos grandes tempêtes, celles qui s’achèvent ! Buvons, Solide, buvons, nous allons nous casser la gueule, nous fête nos propres retours et nos allers à l’être… Il y a quelqu’un dans cette carcasse ? il hurla en me tenant mes épaules et les secouant fort avant de poursuivre et de tancer comme on marche vite.
- Se souvenir des belles choses ? La première gorgée d’élixir et autres petites misérables considérations ? Saloperies, Em, saloperies ! C’est de la crasse, les choses belles des beaux gens, c’est de l’ennui… Nous sommes cette force terrifiante de l’histoire qui peut brûler puis s’éteindre à tout instant, selon la houle. Nous sommes liquides, tu le sais, Em ?
Em, Em Em !
Tu n’es pas là, je suis là pour toi, je suis là pour deux, pour trois, pour mille, pour cinq cents mille Saints Solides Soldats Absents de
Et l’absence, bien sûr…
Extrait de Le guerrier, mon frère, nouvelle écrite en 05 et réécrite en juin 10 pour être lue lors du Festival des Arts Sacrés de l’Eglise Saint Eustache ou Festival 36h de St Eustache le 21.06.10 /
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