Puisque le destin ou autre dieu, nature, autre puissance supérieure ou bien tout s'explique mais alors, il n'y a plus de puisque, puisque c'est ainsi, nous écrivons au dictaphone, nous écrivons en parlant, nous avons toutes ces histoires en tête et cette obsession du phrasé, nous n'avons plus nos mains pour la plupart des choses, nous avons, pour le reste, le temps et des envies, nous savons nos trajets, nos stops, nos départs nouveaux pour un temps, un temps seul, et nous savons d'avance et pourtant connaissons l'inquiétude, comme toujours, comme alors quand, étant à peine nés, nous étions terrorisés de l'être, nés, et hurlions donc si fort...
Nous sommes pour un avenir qui ne commence qu'après-demain, car demain, c'est la pause, après celle d'hier et avant la suivante, et un jour nous rentrerons et nous pouvons rêver mais nous serons peut-être, en sept ou huit semaines, débarrassés par des vents qu'il faudra ne pas oublier de remercier des faux et des menteurs et des grosses personnalités cachant vide sidéral et même encore mieux, de cette sorte d'ennemi héréditaire d'après-coup, la bureaucratie dont nous allons causer ci-dessous, celle de l'Etat comme celle si normative des activistes trouillards autocensurés de tous poils, tout sera, tout rentrera dans un ordre, incertain certes, mais nous rentrerons, nous, en ordre, et ce sera alors bientôt septembre et, le dix-neuf (19) de ce mois chéri parce qu'il est celui du retour, ce seront enfin nos retrouvailles pour une troisième Cavalcade Dominicale à l'Angora, boulevard Richard Lenoir où nous commençons à prendre des habitudes, de bonnes habitudes, on se sent chez soi, ça compte, après avoir été virés comme des moins-que-rien par des lâcheurs de première, des gars cools de la mairie de paris plus cools du tout d'un coup, dans un bureau, Ca va ? Ca va... Bon, on est là pour quoi déjà... ? Ah oui, vous êtes le Cercle Pan!, bien... Et bien nous vous avons proposé ce rendez-vous pour vous dire que nous ne pouvons plus... (...) Ok. OK, ok, ok. Vous ne pouvez plus, vous ne voulez plus, avant tout, et êtes la caricature de l'idée déjà pas reluisante que je me faisais de vous, un beau jour, avec votre blue-jeans cool et votre t-shirt et votre barbe cools, vous êtes sans fard, trouillard, refus d'un conflit avec une préfecture, Je n'aime pas le conflit, aurait dû ajouter l'architecte en-charge-du-dossier dont le rôle, certes politique mais nous supposons qu'il a choisi cet emploi, ce rôle était, c'est précis, d'entrer en conflit avec la préfecture pour aider un endroit de création où le public sortait de chaque évènement ravi, enchanté de ce qu'il avait vu, entendu, de qui il avait rencontré, avec qui avait-il ri un coup, de quelles sensations en entendant en vibrant au son d'une voix, d'une corde, d'un battement d'aile ou d'un roulement de tambour il avait vécu, en vrai, des instants de vie qu'il n'oublierait pas, nombre de témoignages abondent sur ce que nous, et lui, le public, d'inestimable avons perdu demeurant muré, un an plus tard, en un tableau d'une tristesse rare que donne la ville quand elle est morte, nous avions ressuscité des pierres et autre chantier achevé, les gars cools de la mairie de paris changeant d'avis parce que craignant le vent tournant, par simple peur dudit vent l'on tués encore, meurtrissant de fait la ville de ruines comme autant de cimetières de vies à ciel ouverts, faille, vide, dans la ville étouffante où nous avions logé nos consciences, nos corps, nos arts, nos êtres propres ; à un certain niveau de la vie civile contemporaine, et le niveau est diffrent suivant l'individu, celui-ci est nié par l'Etat et sa machine, la bureaucratie, ici la mairie de paris et le cabinet de son conseiller aux affaires culturelles, l'individu artiste est nié, logé dans une cage et son activité artistique demeure derrière la porte, il n'y a pas de lieu pour l'artiste, on a trouvé une cage pour l'individu, que l'artiste ferme sa gueule, l'artiste a t-il vu le prix des loyers dans le quartier ? demande le gars cool.
L'artiste a vu. Et alors ? Parce que le marché de
l'immobilier flambe, l'artiste doit cesser de travailler ? L'Etat via
sa collectivité locale, ici la mairie de Paris et son conseiller aux
affaires culturelles et, par de-là, son architecte en charge du respect des normes de sécurité a proposé
au Cercle Pan! de se tourner vers une officine publique louant des locaux commerciaux pas
chers pour losers : l'architecte, de notre premier rendez-vous au printemps 2008
à l'été 2010, n'avait jamais compris que nous n'étions pas ces
losers qui souhaitions devenir des commerçants d'art, il n'avait pas
compris ceci comme il ne comprenait pas un nombre ahurissant de choses humaines, juste humaines qu'il n'a pu, qu'il n'a su saisir, en dépit de ses connaissances
techniques, mais en devers de ses piètres qualités humaines qui ne lui permettaient pas de distinguer le squatter drogué figurant sur les tablettes d'une école de police de l'artiste qui ne peut louer un atelier dont le loyer dépasse de bien trop ses propres revenus. Cela étant, ce gars cool à t-shirt footballistique qui nous aurait tutoyé si on l'avait laissé faire avait dû être un gars cool
à l'école d'archi(tecture) où, c'est curieux, on ne lui avait pas
appris que l'existence d'une ville n'a de sens que si celle-ci se
trouve debout, vivante, aimante, et que, dans les ruines, on peut
faire s'enflammer de nouveaux feux - nous cherchons de ces ruines-là, cet été, et pour plus tard, nous contacter par mail discretos si plan en vue - en attendant, en attendant la suite ou quoi
mais non, l'architecte ne pensait plus qu'au soutien politique qu'il
lui faudrait pour ferrailler avec la préfecture sur ce dossier,
alors il avait renoncé, il n'aimait pas les conflits, et à ce stade
l'école d'architecture n'avait aucun sens, seule la politique en
avait un.
En repartant un peu piteux, elle écoeurée, moi perplexe, nous constations à rebours et à grand regret à quel point la politique locale a un impact sur la vie des gens - et il est si souvent négatif, nuisible, à l'être -, à quel point quand le politique lâche, c'est un autre politique dans le bras et le casque du policier qui fait sa loi et alors à quel point le politique, ici, le cabinet, ses membres, son chef, étaient couards et, connaissant la situation et pouvant aider avec aise mais peut-être quelques coups de fils musclés, quelques, deux, trois, rien, un effort, un froissement peut-être, et alors ? A combien en est-on de fracas dans un lieu éphémère au bout de trois années de coexistence avec différents individus ? La clique et le barbu cool décidaient de ne rien faire et d'ouvrir la main comme on laisse tomber une marionnette ; la Maison du Cercle Pan! avait vécu, y compris dans certains mass médias, comme la preuve que la mairie agissait, avait prise ; or elle l'a lâchée sans une voix pour le relater, les journalistes étaient en vacances, le vingt-neuf juillet 2009, voyez, le journaliste était en vacances et les journaux étaient bourrés de trucs idiots pour vacanciers, pas de tracasseries d'artistes même pas gauchistes pour emplir la case journalistique qui déclenche le rpocessus - eussions-nous été gauchistes, tendance de l'Incarcéré, et de son comité Invisible, un Libération pas opportuniste aurait frappé mais là, non, ils ne veulent rien dire au sujet du président du pays, ils pensent sur une échelle horizontale qui rend l'analyse de l'action présidentielle tout-à-fait impossible - pas de nouvelles de la fermeture d'un lieu de création où, excusez du peu mais les musiciens Fantazio, Alister, Daniel Darc, Cheval Blanc, Jean-Pierre Théolier, La Féline, Le Collectif Animal Chic, DJ Shazzula, DJ Samir Katsch, JuanTrip, The Bluets, Muzik Magik, Barth, Austine, The Boohoos, Little Ballroom, Alex Rossi, Phoebe Jean, Belooga, Debora Danger, Delaney Blue, Simone Tassimot, Blackara, Twin Twin, les auteurs Abdel-Hafed Benotman, Lorent Idir, Jean-Pierre Théolier, Stéphane Vallet, Jean-Luc Bitton, Tristan Ranx, Leïla Farès, Franswa Perrin, Pierre Escot, Eve Dequidt, Mathilde Tixier, Jérôme Mauche, Bertrand Latour, Philippe Adam et les plasticiens, dessinateurs et autres performers le grand Mattt Konture et ses compères de L'Association (Sardon, Killofer, Velay), Dom Garcia dont le Cercle Pan! a, en octobre 2009, publié un ouvrage de portraits à ses Editions du Cercle Pan!, Tania Llinarès, Magali Brien, Marjolaine Sirieix, Gilles Touyard, Isa Kaos, Cedric Attias, Thierry Théolier, Mathias Richard, Vanessa Kima, Germain Caminade, Popay, Thierry Agnone, Jérôme Zonder, Franck Chevalier, Sonia Koumskoff-Raisso ou Marianne Battle se sont produits et, un moment, battus en fait contre cette bureaucratie qui nie autant qu'elle le souhaite sans contre-pouvoir - le seul contre-pouvoir possible, pour nous, est un prochain lieu éphémère, point d'autre salut puisqu'ils nient et que nous avons été acheté. On nous a offert une cage et on a fait comme si chaque individu n'était pas, dans sa constitution propre, un artiste ; chacun a donné son prix en le sous-estimant, bien sûr, c'était de bonne guerre, l'architecte en charge des normes est plus au fait des lois que nous, et chacun a quitté la belle Maison du Cercle Pan! en prenant son être-artiste avec soi sans espace pour lui, ne le gardant qu'en tête, artiste loin des yeux de la rue du Faubourg du Temple, son grouillement permanent de populations en goguette, acheteuses, vendeuses, flâneuses, frimeuses, cette rue qu'on monte et qu'on descend et en semi-contrebas de laquelle, maintenant, avec ses fenêtres murées, la maison au fond de la cour du numéro 45 ressemble à un fantôme, est un fantôme véritable quand on s'approche et que l'on trouve les traces de la vie qui y a été vécue, un canard en plastique jaune de l'enfant, le siège, trône de cordelette bleue trouvé au commencement de l'aventure et ayant tout vu, pardonné toutes les offenses, les fesses, dans l'allée qui dessert les portes entre les ateliers abandonnés, fermés, assassinés à coups de ciment, et de jointures métalliques solides, bien solides.
Mais ces bâtiments
se tiennent tout de même en bâtis d'honneur ayant vu de drôles de tempêtes de nuit de dimanche à
lundi, entre autres datations difficiles, et, bien sûr, les lieux portent la mémoire, allez-y faire un tour, ça
fait bizarre, et des frissons de dégueulasse, ce gâchis, les photos de Frank Knight sur les murs, comme si la
fête s'était achevée hier, alors que la dernière fête donnée
eut lieu trente-six heures durant sans cesser il y a un peu plus d'un an et c'est
triste, et c'est encore plus triste car rien n'a bougé, pas une
maison n'est à terre, tout est en l'état et aurait pu continuer à
fonctionner, aurait pu...
Sans les gars cools du cabinet du
conseiller aux affaires culturelles de la mairie de paris qu'il faut
mépriser avec force, fonctionnaires obéissants au pouvoir de
l'instant, celui qui dit oui puis non puis oui et non puis oui puis
non et merde. Alors nous sommes allés ailleurs cette année étrange où nous ne venions plus de nulle part et ne savions où aller, nous avons fait, organisé, poursuivi avec peine et peiné, d'une manière générale, à maintenir solide un cap. Puis de nouveaux sont arrivés, nouvelles rencontres, énergie renouvelée, et avec de l'air pour chacun, une récompense, même, nous aurons tout vu, nous croyions avoir tout vu, mais nous finirions par boucler la boucle bureaucrate avec de véritables écervelés tenant squat comme on tient baraque à bière un soir de fête de la musique, bureaucrates normatifs plus dégénérés encore que ceux de l'Administration de l'Etat qui ont choisi d'exercer ce métier qui est de créer et faire respecter de la norme parce que eux singent une rebellion mais ne rêvent que d'argent et de reconnaissance et pensent y parvenir en y allant de manière plus sotte que n'importe quel hâbleur de marché vendant des couteaux suisses importés de Grèce avec une seule lame, nous nous sommes cognés au conformisme des squats qui en va comme de l'époque, hypocrite, sans aucune générosité ni humanité, froide, calculatrice, rentable, et malpolie par dessus tout car ces abrutis se pensent au-dessus de cette loi non-écrite de tous les hommes qu'un hôte ne traite pas son invité comme un chien, nous avons été traités comme des chiens par cette sinistre gare aux gorilles, détournement d'une chanson de Georges qui doit se retourner dans sa tombe, paix à son âme de franc-tireur, et mort aux cons.
Malgré
la rage et la nostalgie qu'il faut refuser et ne faire qu'écrire pour mieux
repousser puis transformer en nouvelles aventures excitantes en diable, le Cercle Pan! se repose, car il s'est vidé et donc il sonne creux et dans le vide, quand on le sonne car il s'est déplacé et s'emplit
d'air à souffler sur la chaude saison à venir : 19.09.10 à
l'Angora, 3 boulevard Richard Lenoir, Cavalcade Dominicale toujours
co-organisée avec Philippe Heumann, une si belle rencontre, et ce
devrait être bien et plein d'étonnements ; Tiens, tu es là ?
Qui, il est là ? Oui, il est là.
Have many good holidays, folks. Et mille excuses aux oubliés dans les nommés, cités, de mémoire, en vrac, un an après les derniers faits. Amitiés.
Mathieu Diebler, pour Le Cercle Pan!